

Construit à flanc de colline par les Chanaleilles au 12ème siècle, remanié en 1591, le Château du Pin était une maison forte, à la fois lieu de défense et domaine agricole. À la Renaissance, le corps de bâtiment, carré, est flanqué de quatre tours d’angle rondes et surmonté d’une tour carrée. Un pigeonnier et des écuries complètent l’ensemble. L’édifice est bâti en grès rose et gris. Hormis les encadrements de portes et de fenêtres en pierre de taille, il est crépi.



Aujourd’hui, et vraisemblablement depuis le 18ème siècle, il conserve trois tours d’angle. La tour carrée est incluse dans le bâtiment. Du pigeonnier et des écuries, subsistent des murailles. Le crépi a disparu. Restent les pierres qui captent si bien la lumière.
Sur la façade sud, au-dessus d’une porte en accolade du 15ème, le blason des Chanaleilles (trois lévriers courant l’un sur l’autre). L’entrée principale se fait par une porte dite à “fronton brisé”, typique de la Renaissance. Le fronton est supporté par deux piliers ornés de feuilles d’acanthe. Cette porte donne sur une tour où un escalier à vis dessert les trois niveaux.


Espace d’exposition de sculptures de Martine Diersé (photo Simon Bugnon).



Au rez-de-chaussée, ancrée à même le rocher, la salle des gardes, dallée en pierre, avec voûtes d’arrête supportées par des piliers, vaste cheminée à clé moulurée et les cuisines, avec voûte en berceau et cheminée à voussure. Deux dates y sont gravées : 1591 et 1592. Jouxtant la cuisine, la “souilllarde”, comprend un évier en pierre. Un passage, ouvert dans la tour de garde d’origine (12ème siècle), donne accès à d’autres pièces à voûtes en berceau et à une cavette appelée “la prison”.
Le premier étage, hormis dans une petite tour à croisées d’ogive (pourvue de meurtrières), est plafonné à la française. Au sud, une galerie avec ouvertures 18ème et petite fenêtre 16ème à meneaux. Au levant, le salon – transformé en cabinet de curiosistés – comporte une petite cheminée du 16ème siècle à colonnettes. Le second étage, à l’exception de deux pièces installées dans des tours à meurtrières, également plafonnées à la française, se partage entre un appartement (un gîte) et un grenier.

Les Chanaleilles demeurent propriétaires du château jusqu’au début du 18ème siècle. Il est ensuite vendu aux Gordon de Boulogne. Puis, 50 ans après, à l’Abbé Labro, curé de Fabras, qui y vit toujours à la Révolution. Il y sera assassiné en 1800. Vendue, partagée en quatre lots, la propriété est réunifiée au début du 20ème siècle par les Boissin. Le château, devenu une ferme, est acquis par le peintre Colette Bonzo et son mari, Élie Bontzolakis, en 1957.
Les trois tours, alignées à une époque indéterminée sur la toiture du corps de bâtiment, récupèrent leur indépendance entre 1968 et 1973. Ci-dessous, des vues du château en 1958.


Le château est aujourd’hui ouvert au public de mai à novembre pour des visites, des expositions. Et, depuis 2002, des jardins, labellisés “Jardin remarquable”, conçus par la plasticienne Martine Diersé, mêlant sculptures et végétaux, accueillent les visiteurs. Il est aussi le siège des Éditions du Pin. Visites, expositions et éditions sont initiées par l’association Colette Bonzo créée en 1995. Le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche a attribué en 2018 le label “Maison du Parc” au site du Pin.
Et, pour clore ce survol des siècles, une date gravée sur le linteau d’une porte des anciennes cuisines…
(Photographies : Christian Bontzolakis, Jean-Pierre Cambier, Martine Diersé, Daniel Ponsard – Droits réservés – Reproduction interdite)